Mobilisation contre le plus grand chalutier pélagique du monde ! 

Communiqué de presse – Jour de deuil pour la pêche artisanale — Jour de fête pour l’industrie

Communiqué de presse – Jour de deuil pour la pêche artisanale — Jour de fête pour l’industrie

Le 25 septembre 2020, se tiendra une mobilisation historique pour les pêcheurs français : pour protester contre le baptême du SCOMBRUS[1], un nouveau chalutier géant de 81 mètres, les associations BLOOM, LIFE (Low Impact Fishers of Europe), Plateforme de la Petite Pêche artisanale et Pleine Mer organisent les funérailles symboliques de la pêche artisanale. Cet événement devrait rassembler plusieurs centaines de personnes à partir de 10h30, sur le port de Concarneau, devant les bureaux de France Pélagique, propriétaire du SCOMBRUS et fossoyeur de la petite pêche.

Le choix (presque) cornélien des politiciens

De nombreux ministres, élus et représentants du secteur de la pêche ont été invités à ces funérailles symboliques, mais aussi à l’inauguration du SCOMBRUS. C’est le cas d’Annick Girardin, ministre de la Mer, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Gérard Romiti, président du Comité national des pêches, Olivier Le Nezet, président du Comité régional des pêches de Bretagne, ou encore Frédéric Gueudar-Delahaye, directeur des pêches maritimes et de l’aquaculture. Par leur présence aux côtés de France Pélagique ou des pêcheurs artisans et des ONG, ces représentants politiques afficheront publiquement leur choix : défendre la petite pêche côtière ou au contraire l’industrialisation du secteur, synonyme du pillage des écosystèmes marins, de l’accaparement des quotas, du mépris du bien commun et de la disparition des pêcheurs artisans.

> Interpellez la ministre de la Mer Mme Annick Girardin et demandez-lui de soutenir la pêche artisanale
www.bloomassociation.org/funerailles

Un empire néerlandais tentaculaire

France Pélagique est une filiale française du géant néerlandais Cornelis Vrolijk, dont l’empire tentaculaire étend son emprise bien au-delà de l’Europe, de la France[2] au Nigéria,[3] en passant par le Royaume-Uni.[4] Outre son amour inconsidéré pour les chalutiers géants de plus de 80m — et jusqu’à près de 130m de long[5] — Cornelis Vrolijk est également l’un des puissants promoteurs de la pêche électrique.[6]

Par le biais de cette captation des quotas étrangers, le modèle hyper industriel des multinationales néerlandaises infiltre ainsi les organes censés représenter la pêche française, tels que les comités régionaux ou le Comité national des pêches, ainsi que les organisations de producteurs. Par exemple, l’ancien directeur général de France Pélagique, Antoine Dhellemmes (remplacé par son fils Geoffrey en janvier 2020), est vice-président du Comité national des pêches et président de l’organisation de producteurs FROM NORD, gérant à elle seule plus de 128 000 tonnes de quotas en France, soit près de 40% du total national.

France Pélagique n’est pas la seule filiale française sous capitaux néerlandais, puisqu’Euronor, la Compagnie des pêches de Saint Malo et la Compagnie française du thon océanique sont quant à elles sous le giron de l’autre géant néerlandais Parlevliet & van der Plas. « Cet entrisme des intérêts néerlandais dans la pêche française est loin d’être anodin et explique en grande partie la trahison continue des petits pêcheurs côtiers par leurs soi-disant représentants officiels, par exemple dans le cas d’école que représente le dossier pêche électrique. Ces liens financiers très forts expliquent par ailleurs pourquoi le Gouvernement français reste muet face au comportement de bandit des industriels néerlandais », explique Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM.

Un saccage légal du bien commun

Les chalutiers géants créent régulièrement de vives tensions avec les pêcheurs artisans. En effet, pour construire un tel navire, il est nécessaire d’obtenir un permis de mise en exploitation correspondant à la jauge du navire. « Rien ne se crée, tout se transforme », explique Charles Braine, ancien patron pêcheur et président de Pleine Mer, à l’origine du rassemblement. « Il est donc nécessaire de détruire de nombreuses petites unités pour qu’un tel navire puisse obtenir le droit de pêcher. Le SCOMBRUS peut pêcher à lui tout seul 200 tonnes de poisson par jour, alors qu’un bateau de moins de 12m pêche autour de quelques tonnes par an. Il est indispensable que les pêcheurs se mobilisent et créent un véritable rapport de force, au risque d’assister à court terme aux vraies funérailles de la pêche artisanale ».

Le SCOMBRUS n’est pas un cas isolé. De nombreuses autres techniques de pêche suscitent l’indignation des pêcheurs. « Nous dénonçons depuis des années certaines pratiques dévastatrices pour les écosystèmes marins et la survie de nos emplois, comme par exemple la senne danoise, encore une fois à l’initiative des industriels néerlandais et qui est déjà en train ravager nos côtes. Cette prédation cause notre disparition », explique Gwen Pennarun, président des ligneurs de la pointe de Bretagne. Se pose donc la question légitime du modèle du secteur de la pêche, fondé sur l’octroi aux puissants industriels d’aides publiques et de quotas qui leur permettent de s’accaparer un bien commun, sans équité pour les petits pêcheurs locaux et la survie du tissu économique et social.

Les tendances à l’œuvre au niveau mondial, que ce soit la crise climatique, plus intense et rapide que dans les pires scénarios, ou encore l’effondrement de la biodiversité, appellent à des prises de position fortes de la part de nos décideurs politiques. L’industrialisation de la pêche appartient au passé. Rendez-vous le 25 septembre à 10h30 au port de Concarneau pour lui dire adieu.

Contacts médias

Frédéric Le Manach, directeur scientifique de BLOOM, fredericlemanach@bloomassociation.org, +33 6 52 52 79 14

Thibault Josse, chargé de mission chez Peine Mer, h1s3jossse@gmail.com, +33 6 29 10 47 76

Ken Kawahara, secrétaire de la Plateforme de la Petite Pêche, ken.kawahara@plateforme-petite-peche.fr, +33 6 25 10 32 95

Brian O’Riordan, secrétaire exécutif de LIFE,  deputy@lifeplatform.eu, +32 4 86 36 88 55

[1] Les frais du baptême du SCOMBRUS s’élèvent à 100 000 euros, soit le prix d’un navire de pêche de moins de 12m.

[2] www.cornelisvrolijk.eu/Activities.html.

[3] www.fis.com/fis/companies/details.asp?l=e&filterby=companies&=&country_id=&page=1&company_id=58657.

[4] https://www.nafish.co.uk/our-fleet/.

[5] Le SCH24 AFRIKA et le SCH81 CAROLIEN mesurent chacun 126m de long, soit plus que le Stade de France : https://www.nafish.co.uk/our-fleet/.

[6] https://www.cornelisvrolijk.eu/Innovation.html.

4 commentaires :

  1. Olive dit :

    Merci d’exister car vous êtes une des rares voies a nous faire entendre. Pris en étau entre les fondamentalistes écologistes et les lobbies puissants de l’industrie, la petite pêche est écrasée et pas représentée.
    L’amalgame entre petite pêche et pêche industrielle créé la confusion pour le consommateur et les publics non avertis, et sert les intérêts des puissants en nous jettant dans le même cadre réglementaire, ce dernier nous étant forcément défavorable.

    La petite pêche est l’avenir de la pêche.

  2. Bernard dit :

    Toute cette mobilisation est honorable mais inutile contre les puissances politiques et lobbyistes. A la violence, il n’y a que la violence pour combattre. Seul Seasheppard propose quelque chose qui donne de l’espoir pour un futur meilleur. Se mettre à poil c’est rigolo, mais ça ne changera rien !!!

    1. Vous pensez sérieusement que se mettre à poil fait partie de notre stratégie ? ça s’appelle une campagne de communication. Mais bon visiblement vous êtes venu avec votre mauvaise foi … donc inutile pour nous de perdre du temps à vous expliquer notre boulot. Une excellente continuation à vous.

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