Suite à différents articles parus dans la presse et annonçant comme imminente l’expulsion de la ZAD de la Dune à Brétignolles-sur-mer, nous nous sommes inquiétés et avons décidé de nous rendre sur place pour mieux comprendre les dynamiques actuelles après 4 semaines sans avoir pu venir en Vendée. Ce communiqué rétablit quelques vérités et réaffirme notre soutien aux gardiens de la dune.
Il y a quelques jours, on pouvait lire dans Ouest France ou France 3 Vendée que la ZAD était expulsable et que sa destruction n’était quasiment plus qu’une formalité. On pouvait aussi lire que la ZAD était devenue une zone « dangereuse » et qu’il ne fallait pas s’en approcher. Un discours anxiogène donc, que nous avons d’abord cru, comme beaucoup de gens.
En arrivant sur place nous avons (re)découvert une toute autre réalité. Les gardiens de la dune sont toujours aussi chaleureux et accueillants, même après des mois de lutte dans des conditions difficiles. Il y a toujours quelques personnes à l’accueil, toujours un tasse de café pour n’importe quelle personne qui arrive, et toujours des explications claires et documentées quand on a des questions sur le projet.
Au niveau juridique, les problèmes sont minimes, et ne semblent pas concerner la présence de personnes sur le terrain historique de la ZAD. Certains médias, en relatant à la lettre le discours du maire, ont donc diffusé des fake news. Dans tous les cas, pour tous ceux qui soutiennent les gardiens de la Dune ou qui souhaitent se rendre à la ZAD : ne vous laissez pas berner par le discours médiatique, allez voir de vous-même et vous serez bien accueilli !
Autre évènement cette semaine, le groupe politique « agir pour Brétignolles » dénonce la présence de la ZAD de la Dune. Selon eux, la ZAD créerait un « trouble à l’ordre publique » ou un « trouble à l’ordre républicain ». C’est exactement le discours du maire sur la ZAD depuis le début. On peut donc s’étonner qu’un groupe qui déclare « s’opposer au port » soit aussi farouche envers ceux qui mènent une lutte de terrain depuis des mois, et reprennent le novlangue du maire de Brétignolles, pro-port.
Mais quand on y regarde de plus près, ce discours n’est pas étonnant : les municipales approchent. Ainsi les personnalités politiques du groupe « Agir pour Brétignolles sur mer » dénoncent la ZAD tout en s’opposant au port, afin de ratisser large. On ne peut que dénoncer cette stratégie électoraliste : est-ce cela qu’on appelle « agir pour Brétignolles » ? Etre dans un bureau et envoyer des tweets insultants et méprisants après avoir rencontré la ministre de l’écologie deux jours avant ? Est-ce qu’agir ne serait pas plutôt être sur place et s’opposer aux travaux, quitte à mettre sont intégrité physique en danger ? Nous ne doutons pas que les habitants de Brétignolles font la différence entre ceux qui ont décidé de changer leur vie pour sauver la Dune, et ceux qui manipulent et calculent pour se planquer derrière un bureau municipal.
Cette stratégie électoraliste s’est traduite par une critique violente des deux associations qui soutiennent la ZAD depuis le début : la Vigie et Demain Brétignolles. Malgré les pressions et la tentation de se laisser aller au jeu électoraliste, nous sommes confiants dans la capacité de ces deux associations à continuer de soutenir les gardiens de la dune. Nous avons tous le même objectif : sauver la dune.
Notre passage sur place nous a aussi permis de discuter avec les pêcheurs de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et des Sables d’Olonne : la majorité d’entre eux nous ont rappelé leur fort soutien à la ZAD de la Dune. En effet, les travaux du port détruiraient une roche où les palangriers et ligneurs ont l’habitude de travailler, et les vibrations pourraient faire fuir le poisson dans une zone beaucoup plus large. Les pêcheurs souhaitent donc l’annulation du projet et comme le dit l’un d’entre eux :
« Moi tu vois j’ai pas l’temps d’aller sur la Dune. Faut que j’bosse. Mais ce qu’ils font sur la ZAD là, c’est un combat juste, et moi j’les soutiens. Si tous les gens de Notre dame des Landes pouvaient les rejoindre, ça serait encore mieux. Il faut le plus de monde possible pour empêcher la construction de ce port. »
Nous souhaiterions conclure ce communiqué en laissant nos lecteurs méditer sur la notion de « trouble à l’ordre public » si chère à Monsieur Chabot et à son soit disant opposant Nicols Ducos. Comme le disent souvent les juristes qui travaillent avec les mouvements sociaux : qu’est qu’un trouble ? Et qu’est-ce que l’ordre public ?
Est-ce que finalement la destruction d’une dune, d’une zone de pêche, d’une zone humide, pour construire un port dangereux qui sera peu utilisé ne serait pas le véritable « trouble à l’ordre public » ? Est-ce que l’expulsion de dizaines de maisons pour développer une industrie touristique qui ronge déjà le littoral ne trouble pas « l’ordre public » des habitants de Brétignolles ?
Et est-ce que finalement, la ZAD, la défense de la Dune par des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes, des locaux, des moins locaux, des gardiens de la Dune en somme, n’aurait pas pour but de rétablir le véritable « ordre public » : celui du peuple ? Pleine Mer sera toujours du côté de ceux qui se battent pour la justice sociale et environnementale.