En ce 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, les membres de Pleine Mer souhaitent rappeler l’importance de la lutte collective des femmes de la filière pêche, qui se battent quotidiennement pour leurs droits. Il y a quelques mois, Pleine Mer publiait une étude intitulée « Rendre visible les dynamiques de genre dans la pêche en France ». Ce rapport avait pour but d’analyser le cas de la France, où les femmes constituent le moteur de la commercialisation du poisson local issu de la pêche artisanale, mais subissent quotidiennement le sexisme et les inégalités.
Une pêcheuse interrogée dans ce rapport explique la diversité et l’importance du rôle des femmes au sein des entreprises de pêche artisanale : « les jours où j’ouvre pas la vente directe, là c’est à fond sur la compta, sur les courses pour le bateau, aller acheter des courroies parce qu’il va falloir changer la courroie du moteur, les huiles, les filtres à gasoil, commander des anodes d’hélice, prendre rendez-vous pour la sortie du bateau, organiser des trucs, sans parler des visites radio, des visites à sec, du permis de navigation, etc. … tu vois les gens de l’extérieur j’ai l’impression qu’ils trouvent ça très très simple, limite tu prends ton bateau, tu vas pêcher, tu reviens. Mais c’est très compliqué ! Et sans les femmes, beaucoup d’entreprises ne pourrient pas fonctionner ! »
Pourtant, beaucoup d’hommes de la filière semblent ne pas se rendre compte du problème. Par exemple, on entend souvent qu’il est très difficile de recruter des matelots. Mais il n’est jamais question d’améliorer les conditions de travail des femmes sur les bateaux de pêche. Pourtant les deux sujets sont extrêmement liés : dans les lycées maritimes, nombreuses sont les femmes à vouloir travailler sur les bateaux de pêche. Malheureusement, beaucoup abandonnent après quelques stages embarqués, pas par manque de compétence, mais à cause du sexisme et d’un outil de travail mal adapté à leurs besoins. Pour pouvoir améliorer du même coup les problématiques de recrutement et les problématiques de genre, les patrons-pêcheurs doivent se poser la question suivante : comment le secteur de la pêche peut-il devenir moins hostile pour les femmes et moins genré dans la division du travail ?
A Pleine Mer, nous essayons de faire évoluer les choses à notre échelle. Via notre travail de plaidoyer sur les questions de genre dans la pêche, qui a par exemple permis d’aboutir à l’étude citée précédemment. Mais également en intégrant la question du genre dans les projets développés par l’association.
Le projet « Pêche Locale » est à l’origine de nos questionnements sur le genre. En effet, ce sont généralement les femmes qui assurent la vente directe sur les quais, et c’est à leur contact que nous avons initié notre travail sur le genre. Afin de mieux intégrer la question du genre à la carte de la pêche locale, nous envisageons d’établir une charte des bateaux qui sont adaptés au travail des femmes à bord. Il sera ensuite possible d’indiquer sur la carte les bateaux qui respectent cette charte de bonne pratiques, afin que les stagiaires des lycées maritimes puissent facilement trouver des bateaux qui prennent en compte les réalités du genre dans la pêche.
Le projet « Mer de Lien » est très prometteur pour améliorer la condition des femmes dans le secteur de la pêche. En effet, l’idée de ce projet est d’installer de jeunes pêcheurs durables, et Pleine Mer pourra donc favoriser l’installation de femmes sur ces navires de pêche. Le projet a aussi pour but de modifier certains navires pour les adapter aux nouvelles réalités du monde de la pêche : nous pourrions donc réaliser des travaux permettant par exemple d’établir des couchettes, des douches et des toilettes séparées sur les navires de pêche.
Le sujet du genre dans la pêche est passionnant, et qu’on le veuille ou non, c’est une thématique qui va révolutionner tout le secteur !
Crédits Photos : Céline Diais – Julie Bourges – Pleine Mer