Mobilisation contre le plus grand chalutier pélagique du monde ! 

Portrait de Yann Leberichel, ligneur aux Sables d’Olonne

Portrait de Yann Leberichel, ligneur aux Sables d’Olonne

Yann Leberichel est ligneur depuis 10 ans aux Sables d’Olonne, d’où il est originaire. Il a grandi avec la mer comme une seconde maison, le vent et les vagues pour créer une multitude de jeux, et les poissons comme compagnons. Il a découvert la pêche très tôt mais devenir pêcheur n’a pas été si évident« c’est dur quand on est pas issu du milieu ! » «Se lancer tout seul dans ce métier, c’est trop risqué »… Ses proches n’étaient pas forcément très enthousiastes … Heureusement, sa route a croisé celle d’Alain, un patron pêcheur des Sables, qui l’a encouragé et conforté dans son choix.

Avec un navire de petite taille, donc un investissement raisonnable, nul besoin de « pêcher toujours plus » pour gagner sa vie. Sa zone de pêche, il la connait depuis toujours, et cela lui permet de filer ses palangres « au centimètre près » pour cibler précisément les espèces qu’il recherche, principalement le bar et le maigre, qu’il traque du début du printemps jusqu’à la fin de l’automne.

A son installation, le bar se portait encore bien, en tout cas suffisamment pour ne pas devoir multiplier les heures, le matériel à l’eau… Avec six palangres* de trente hameçons chacune, disposées à quelques minutes du port, cela suffisait pour revenir avec 30 – 35 kg de bars, et dégager un salaire correct. Mais ces dernières années, ce n’est plus six mais vingt palangres qu’il faut mettre à l’eau, et même bien placées, elles ne permettent bien souvent de ne remonter qu’une dizaine de kg de bar…

Avec la crise du Coronavirus, il a perdu la moitié de son chiffre d’affaires sur les premiers mois de la saison qui sont d’ordinaire ses meilleurs mois de l’année. Le bar sur lequel repose la pérennité de son entreprise a vu ses prix de vente chuter, notamment pour les gros bars, ceux qu’affectionnent les restaurants, qui se vendent actuellement moins de 10 € le kg. Une misère comparée aux prix d’avant, largement au-dessus des 20€/kg…

Depuis 4 ans, lorsque l’été est bien installé, Yann observe chaque année de plus en plus de thons. Certaines chasses* ont lieu dans très peu de fond, chose qu’il n’observait jamais avant… Alors dans ces conditions, avoir les thons rouges qui sautent à plus d’un mètre à côté du bateau et ne pas pouvoir en capturer, c’est une absurdité totale !

Depuis plusieurs années, il fait sa demande d’AEP* (Autorisation Européenne de Pêche) thon rouge auprès de son Comité des Pêches des Pays de la Loire. C’est un euphémisme que de dire qu’il n’est pas encouragé par ceux qui sont censé le représenter… « A quoi bon demander l’AEP, tu ne l’auras jamais ! » Voilà en substance le genre de réponses qu’on lui fait, c’est dire le peu de cas que les représentants professionnels font de leurs adhérents…

Et pourtant, disposer de quelques tonnes de quota de thon rouge pour les ligneurs des Sables leur permettrait de « créer un marché au niveau local » afin de soutenir les prix payés aux producteurs et d’offrir un poisson d’excellente qualité aux consommateurs.

*la palangre est une technique de pêche consistant à déposer sur le fond ou en pleine eau une ligne garnie de plusieurs dizaines d’hameçons avec différents appâts : petits poissons, calmars ou crabes.

*l’AEP est une autorisation de pêche limitée dans le temps pour une zone et/ou une pêcherie. Sans elle, le navire ne peut pas pêcher l’espèce concernée ou sinon en respectant des limitations spécifiques.