Mobilisation contre le plus grand chalutier pélagique du monde ! 

Rapport stage embarqué, Thibault Josse, Agrocampus-Ouest, Juillet 2016

Rapport stage embarqué, Thibault Josse, Agrocampus-Ouest, Juillet 2016

NAHIKARI, Anne-Marie Vergez, Saint-Jean-de-Luz

I.                   Descriptif du port d’attache

Le port de Saint-Jean-de-Luz est situé à l’embouchure de la Nivelle, entre les villes de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure. C’est de ce port de pêche ancestral que les basques partaient dès le XVe siècle, pour chasser la baleine et pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve. De nombreux corsaires qui combattaient pour le roi de France se trouvaient à Saint-Jean-de-Luz entre le XVI et le XVIIIe siècle, la population et l’urbanisation s’y développent alors beaucoup. Le XVIIIe siècle marque la décadence de la ville qui perd une grosse partie de ses habitants : le traité d’Utrecht abandonne Terre-Neuve à la Grande Bretagne, la Baleine disparait du Golfe de Gascogne, et la ville subit des tempêtes destructrices. A partir du XXe siècle, la machine à vapeur puis les technologies issues de la deuxième guerre mondiale modifient grandement les conditions de pêche. Saint-Jean-de-Luz devient une ville ouvrière ou de nombreuses usines de transformation du poisson sont construites, et de la main d’œuvre espagnole et bretonne s’installe dans la ville.

Depuis le milieu du XXe siècle, les espèces principalement exploitées sont le merlu, l’anchois, la sardine et le thon, en particulier le thon rouge. Dans les années 60, Saint-Jean-de-Luz était le premier port thonier de France, mais les choses ont bien changé depuis, comme nous le verrons par la suite. Saint-Jean-de-Luz est actuellement le plus gros des ports de pêche situés au Sud d’Arcachon, et la filière pêche y est responsable de plus de 600 emplois. La Criée de Saint-Jean-de-Luz-Ciboure, gérée par la chambre de commerce et d’industrie de Bayonne, est la sixième criée de France en valeur, et la huitième en tonnage, avec ses 10 000 tonnes. Cependant même si les activités de mareyage perdurent, et permettent d’approvisionner les restaurateurs du pays basque, les centrales d’achat de la grande distribution, et le marché de Rungis (groupe Olano), l’industrie de transformation a quasiment disparu de la ville. 

Figure 1 : Le ponton, port de Saint-Jean-de-Luz

Les métiers principalement pratiqués à Saint-Jean-de-Luz sont la ligne, le filet, la bolinche et le chalut (de fond et pélagiques). Au total, une cinquantaine de navires sont présents dans le port de Saint-Jean-de-Luz, tous immatriculés dans le quartier de Bayonne. La moitié de ces bateaux mesure moins de douze mètres, ligneurs, fileyeurs, et polyvalents, pratiquant des marées de moins de 24 heures et appartenant au segment « petite pêche ». Le reste de la flottille est constituée de bateaux de moins de 25 mètres, pratiquant la bolinche, le filet et le chalut, pour des marées de plusieurs jours à plusieurs semaines, et allant jusque dans le Nord du Golfe de Gascogne.

Au total, on dénombre 24 ligneurs sur le quartier de Bayonne, dont une douzaine  dans le port de Saint-Jean-de-Luz. Ces bateaux de moins de douze mètres pratiquent une pêche aux petits métiers, sélective (hameçons), et pêchent majoritairement le merlu. Ils constituent une des bases l’identité locale et traditionnelle, et sont à la source d’une économie bien différente de celle du tourisme, car elle assure l’animation du territoire et des emplois  à toutes les périodes de l’année.  Le Nahikari, dont Anne-Marie Vergez est la patronne, fait parti des navires pratiquant cette pêche, tout comme les bateaux Aurrera, Kittara, Agur, Guevellezed, Ahaldena, Leuna, Moutton, Pyranas, Kraskabille et Sans Peine.

Les canneurs pratiquent eux aussi une activité traditionnelle du port de Saint-Jean-de-Luz : la pêche du thon rouge à la canne, lors de l’été. Trois  bateaux pratiquent cette pêche dans le port de Saint-Jean-de-Luz : Airosa, Attalaya Beria et Chipiron II, et pratiquent la senne tournante coulissante sur les petits pélagiques le reste de l’année, comme 4 autres bateaux du quartier de Bayonne.

Les chalutiers pélagiques et à grande ouverture verticale étaient très présents dans les eaux du pays basque dans les années 2000, mais leur nombre a diminué depuis : les stocks de merlu se sont effondrés, les quotas de thon rouge ont diminué, et ces navires coûtent cher en gasoil. Aujourd’hui il n’en reste plus que 8 dans le quartier de Bayonne. Sur le quartier de Bayonne, on dénombre aussi 23 chalutiers de fond à panneau et 53 fileyeurs, qui exploitent les espèces de fond et démersales (merlu, sole) Enfin les métiers de la drague et du casier sont pratiqués par mois de 5 bateaux sur le quartier de Bayonne.

Cependant comme dit précédemment, les activités traditionnellesde pêche laissent peu à peu la place au tourisme, en témoigne la proportion croissante de bateaux destinés à la plaisance.

II.                Historique et descriptif du navire et de l’équipage

Le navire

Le Nahikari fut construit en 1988 et est originaire des sables d’Olonne. Anne Marie l’achète en ?, pour une valeur d’environ 110 000€ et le rebaptise Nahikari, ce qui signifie plaisir, désir, passion en Basque. Il est désormais immatriculé dans le quartier de Bayonne : BA 715734.  

Le Nahikari a maintenant 29 ans, ce qui est dans la moyenne des bateaux français. Il mesure 9.50 mètres de long et 3.22 mètres de large. Sa coque est en plastique et il est conçu pour pratiquer une pêche polyvalente, bien qu’il soit surtout adapté à la ligne. Sa jauge de 3 UMS, sa longueur et son moteur ne lui autorisent que des courtes marées : moins de 24 heures, des zones de pêches inférieures à 20 miles de la côte : le Nahikari est en catégorie 3.  

Le moteur est un moteur hybride, qui utilise en partie de l’huile de tournesol/maïs, produit par des agriculteurs du Béarn. Il est situé sous la passerelle et est accessible par une trappe. Selon Anne-Marie, le prix bas du pétrole brut est un problème important actuellement : cela incite les plus gros consommateurs de gasoil à pêcher plus. L’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles via ce moteur est un aspect important du Nahikari, malgré quelques problèmes mécaniques. Lors du trajet vers la zone de pêche, le Nahikari navigue à une vitesse de 8 nœuds, sa vitesse maximale. Lors de la pose des palangres, la vitesse est inférieure à un nœud. Enfin lors du virage de la ligne, le bateau est en dérive et le moteur est embrayé pour activer le moteur hydraulique ou pour manœuvrer.

A l’avant on trouve les caisses de criée et les caisses du bateau, qui serviront au lavage, au tri et à la mise en glace du poisson. On y trouve aussi les 3 caisses qui supportent les étagères où sont rangées les palangres. Deux plaques tournantes, une à l’avant et une à l’arrière du bateau permettent de faire tourner les caisses lors du filage et du virage des palangres Derrière la passerelle, à l’arrière du bateau, sont disposés deux rangements, pour les bouées et les plombs des palangres. Les gueuses sont quant-à elles rangées à l’avant. Ce matériel permet de mettre en place le mouillage des palangres. Le filage des lignes à lieu à l’arrière du bateau, les mouillages sont jetés à tribord et les lignes à bâbord.

Le vireur pour la ligne, qui fonctionne grâce à un moteur hydraulique relié au moteur principal est fixé à l’avant, côté bâbord. Ainsi le virage a lieu à bâbord, les lignes sont rangées à l’avant, tandis que les poissons sont vidés, étripés et triés à l’arrière. Ils sont ensuite stockés à tribord, les bacs sont empilés, recouverts d’une chaussette isotherme et bloqués entre la passerelle et le bord du bateau. Des crocs et des salabardes sont arrimés à l’arrière du bateau et à bâbord, afin de récupérer certains poissons lors du virage. Les 3 lignes de traine pour le thon sont fixées dans les trous pratiqués sur le bord arrière.

Figure 2 : le Nahikari

La glace utilisée pour la majorité des poissons est disposée dans des glacières, arrimées contre les bords du bateau. Ces glacières sont remplies tous les jours à la Criée. La cale est située à l’avant du bateau. En général elle est vide et la glace est disposée sur le panneau de cale, pour recevoir les paitas (boette), certains poissons (thonidés) et compléter les glacières.

La passerelle est la seule partie couverte du pont, les zones sous le pont étant réservées au moteur et à la calle.  On peut y distinguer trois zones principales : les commandes du bateau, la cuisine et une zone de repos/rangement.Les commandes du bateau sont constituées par un gouvernail, utilisé pour les manœuvres, et un pilote automatique relié à la table traçante. Un radar permet de repérer les autres bateaux durant la nuit ou le mauvais temps. Le GPS est surtout utilisé pour noter les zones où les palangres sont posées. Le sondeur permet quant à lui de choisir la profondeur à laquelle sont posées les palangres. La table traçante est une « carte interactive », ou Anne-Marie peut tracer les itinéraires, repérer les zones de pêche, noter les avaries. Le VMS est obligatoire pour se signaler aux autres navires  et la VHF permet de communiquer avec les autres navires, et en particulier de savoir comment les autres ligneurs pêchent sur leur zone. La zone de repos (carré) est constituée d’une banquette, au dessus de laquelle sont rangés les vêtements et les effets personnels des matelots. Les matelots s’y retrouvent lors des repas et lors du trajet. Une « cuisine » est composée d’un lavabo relié à une bonbonne d’eau douce et d’une gazinière.

La réparation du matériel a lieu dans le « chai » ou sont entreposés le matériel de pêche et les outils. Ces hangars communs sont loués à Anne-Marie et à d’autres pêcheurs.

L’équipage

Lors de mon stage, l’équipage était composé du patron et armateur, Anne-Marie, du second Mataff, et d’un matelot,  Pierrick.

Anne Marie a toujours vécu en Pays Basque et travaillait d’abord dans une entreprise de développement de photos. Elle a plusieurs fois embarqué avec des amis ligneurs, et le métier de l’hameçon lui a plu, ainsi que la liberté du métier de pêcheur. Elle a donc embarqué comme matelot sur des fileyeurs et des chalutiers, ne trouvant malheureusement pas d’embarquement sur des ligneurs. Après avoir acquis de l’expérience, elle embarque sur un ligneur et apprend le métier. C’est ensuite qu’elle achète le Nahikari, afin de pêcher le merlu, mais aussi le congre et le bar à l’époque, puis se concentre sur le merlu pour des raisons économiques, mais aussi à cause des antériorités de capture : n’ayant pas travaillé le bar pendant les années de référence (2000-2003), elle n’a plus le droit de le pêcher.

Mataff est originaire de Montauban. A la fin du lycée, il ne passe pas le bac et s’engage à l’armée. Il devient ensuite mécanicien  et travaille d’abord sur des chalutiers, puis sur un fileyeur et un ligneur, bien que son premier objectif soit de travailler dans la marine marchande. Attentif aux impacts de la pêche, il est rapidement dégoûté des chalutiers. Il travaille ensuite en tant que matelot sur Xabano, le bateau de Xabier sur lequel Anne Marie a aussi travaillé. Puis il embarque sur Nahikari il y a trois ans. C’est un matelot expérimenté, efficace à bord, et qui assure aussi la bonne ambiance.

Pierrick était là depuis moins d’un mois quand j’ai embarqué, en remplacement de Timo. Suite à quelques années de fac d’anglais, Pierrick s’ennuie ferme et décide de passer son certificat d’initiative nautique (CIN) afin de devenir matelot. Il travaille d’abord sur des voiliers pour des croisières touristiques puis part aux Antilles. En revenant il embarque sur l’Atlas, un fileyeur où le patron, en plus de ne pas l’avoir déclaré, ne le paye qu’une demi-part. Il embarque ensuite sur Nahikari. Pierrick s’intéresse aussi à l’environnement et aimerait reprendre des études, en météorologie ou en océanographie. Il m’a dit aimer les expériences différentes, et partir quand il s’ennuie, ou quand il manque d’argent. Il a d’ailleurs débarqué quelques semaines après mon départ.

D’un point de vue administratif, Anne Marie est l’armateur et le patron du bateau mais elle est aujourd’hui théoriquement à la retraite. Elle continue à naviguer car elle ne veut pas vendre son bateau pour l’instant et souhaite continuer  de pêcher et d’apprendre le métier à Mataff, en lui faisant réaliser les tâches du patron sur le plan administratif et technique. Si tout se passe bien, Mataff reprendra le Nahikari dans quelques années: aujourd’hui, la difficulté n’est pas seulement l’achat du bateau, mais aussi les autorisations européennes de pêche qui vont avec.

En terme économique, les salaires sont très variables, les marins étant payés à la part. Certains bons mois, le salaire peut être de 2500€, mais il peut être bien inférieur si la pêche est mauvaise. Sur le Nahikari, l’armement récupère 40% du résultat de la pêche afin de payer les charges et les coûts d’activité, et les 3 membres d’équipage se partagent les 60% restant

III.             Ressource exploitée

Biologie de l’espèce principalement exploitée : le Merlu

Le merlu commun (Merluccius Merluccius) est la principale espèce pêchée sur le Nahikari, en tonnage et en valeur. C’est un poisson démersal, de la famille des gadidés, qui est présent le long de côtes européennes, de la Norvège à la Mauritanie, et en Méditerranée. Deux stocks sont distingués par le CIEM en Atlantique : le Stock Nord européen qui va de la Norvège au sud du Golfe de Gascogne, et le stock sud européen, qui se répartit sur les côtes portugaises et du nord de l’Espagne. En ce qui concerne le Nahikari, ce sont les merlus du stock Nord européen qui sont exploités, bien qu’on se trouve à la limite des deux stocks.

Figure 3 : Un merlu de ligne

 La ponte a lieu de février à juin, les principales zones de frayères se trouvant à l’Ouest de l’Irlande et au Nord du Golfe de Gascogne. Les stades larvaires sont pélagiques pendant quelques mois, puis les jeunes merlus tombent sur des fonds de 150 à 200m. Ils se nourrissent alors principalement de crustacés et de mollusques, et grandissent de 15 à 20 cm par an. Les deux  nourriceries principales sont la Grande Vasière et le sud de l’Irlande. Les juvéniles y restent environ deux ans et demi puis à l’âge de trois ans, ils migrent vers les eaux plus côtières. Ils se disperseront ensuite sur l’ensemble des eaux continentales. La maturité sexuelle est atteinte à 3 ou 4 ans chez les femelles, pour une taille de 60 cm. La croissance est ensuite ralentie, une femelle de 10 ans mesurant entre 80cm et 1m.

Le merlu adulte vit à proximité du fond, entre 30 et 400 mètres, et s’en éloigne lors de la nuit pour chasser. C’est un poisson piscivore qui se nourrit principalement de poissons pélagiques (sardines) et démersaux (merlans bleus). Le merlu se nourrit beaucoup plus au printemps qu’en été et en automne, le printemps est donc la meilleure saison de pêche pour les ligneurs.

Le merlu est un poisson physocliste, ainsi sa vessie natatoire est reliée à son système circulatoire, ce qui ne l’autorise pas à subir des modifications brusques de pression et donc de profondeur. Ainsi lorsque le merlu de ligne est remonté rapidement par le moteur hydraulique, sa vessie natatoire gonfle, ce qui comprime ses organes internes et expulse sont estomac par la bouche, occasionnant des lésions irréversibles. Aucun merlu remonté à la ligne ne peut donc être relâché vivant (au contraire des autres espèces), cependant du fait du changement de régime alimentaire du merlu et de la taille des paitas, aucun merlu inférieur à la taille légale de capture n’est remonté par le Nahikari.

Méthode de pêche

Le merlu peut être exploité à la ligne, mais aussi au filet et au chalut (de fond ou pélagique). Sur le Nahikari, le merlu est pêché via des palangres (1500 hameçons au total), amorcées par des sardines décongelées. Les lignes ont jetées dans le Gouf de Capbreton (la Fosse) sur des fonds allant de 100 à 300m. Une palangre est constituée d’un corps de ligne (ligne mère) en nylon 200/100 auquel sont fixés des avançons en nylon 80/100 armés d’un hameçon n°2.0. Ces avançons mesurent de 1.30 mètre et sont espacés d’environ 2.50 mètres, une palangre de 500 hameçons est donc longue d’environ  1.5 kilomètre. Les palangres sont fixées sur une caisse, avec le corps de ligne à l’intérieur de la caisse, et les avançons et hameçons fixés sur des fentes doublées de caoutchouc sur les étagères de la caisse.

Figure 4 : Rangement des palangres sur les étagères des caisses

La palangre est une palangre démersale, qui zigzague sur le fond grâce à la fixation d’une bouée ou d’un plomb en alternance, tous les 15 hameçons. Un mouillage est fixé à chaque extrémité : le corps de ligne est lié à un orin, lui-même fixé à une gueuse qui repose sur le fond afin de caller la ligne. La gueuse est reliée à une bouée et un coupe-courant via un orin de longueur adaptée à la profondeur, entre 100 et 300 m selon la zone. La ligne est filée avant le lever du soleil, lorsque le merlu se nourrit le plus activement. La ligne travaille entre ¾ d’heure et une heure et demie puis est virée via un vire-ligne hydraulique.

Figure 5 : Illustration de la palangre, montage Basque

Etat de la ressource et mesures de gestion

Le stock Nord a connu une surexploitation de croissance, et certainement de recrutement dans les années 90, la SSB a fortement diminué entre 1990 et 1998. Selon Anne Marie, les flottes de chalutiers pélagiques exploitaient fortement le merlu lors de cette période, ce qui a causé la diminution drastique de la biomasse. Suite à un plan de redressement, qui a fortement diminué la flotte des chalutiers pélagiques, puis une gestion au RMD, et un fort recrutement en 2003,  la biomasse féconde aurait fortement augmenté. La mortalité par pêche est encore supérieur eu FRMD, mais elle a diminué significativement sur la dernière décennie, permettant à la biomasse féconde d’être multipliée par 4. Le TAC communautaire pour le merlu était ainsi de 81846 tonnes en 2015, alors qu’il était en-dessous de 25 000 tonnes dans les années 1995-2000. Cependant les ligneurs essuient parfois des périodes difficiles comme lors de l’été 2016, le merlu semble alors absent et les tonnages par marée ont du mal à atteindre les 50 kg.

Les quotas sont déterminés au niveau européen, puis répartis entre les OP sur le principe des antériorités de capture. Pour les ligneurs, le quota n’est pas réparti individuellement mais dans une un quota global « petits pêcheurs », séparé des gros armements. Cette enveloppe « petite pêche » a récemment augmenté : la flotte de chalutiers pélagiques a grandement diminué.

La taille légale de capture du merlu est de 28 cm, taille qui est toujours largement atteinte pour les merlus de ligne. Par contre, sur les chalutiers, et particulièrement sur les langoustiniers, qui travaillent dans la grande vasière (zone de nourricerie des merlus) il n’est pas rare que de nombreux merluchons de taille bien inférieure à 28 cm soient capturés. La mise en place de panneaux à maille carré sur les langoustiniers permet de palier en partie à ce problème.

La déclaration des captures se fait sur des feuilles de bord, déposées aux affaires maritimes une fois remplies, le Nahikari mesurant moins de 10 mètres.

Figure 6 : Localisation du Gouf de Capbreton

Les ligneurs travaillent sur une partie de la fosse de Capbreton (Gouf de Capbreton). La zone de pêche des ligneurs est réglementée et est interdite au filet depuis 1985. La répartition des zones de pêche se fait entre les ligneurs, selonun accord tacite : tant qu’un pêcheur va chaque jour sur sa zone, aucun autre ligneur ne vient sur cette zone : le problème de cette règle est qu’elle oblige le pêcheur à sortir tous les jours, afin d’éviter de retrouver un autre ligneur sur sa zone le lendemain. Globalement les ligneurs semblent être peu en compétition pour les zones, et les zones changent peu en cours d’année. Par contre les zones sont plus ou moins bonnes selon les années et selon les saisons, ce qui entraine malheureusement certains ligneurs à attendre qu’un collègue ne sorte pas pour lui prendre sa place, ce qu’Anne-Marie craignait parfois en essayant d’autres zones. Des conflits pour l’espace peuvent aussi avoir lieu entre les métiers, par exemple lorsque d’énormes chalutiers hauturiers se retrouvent dans la zone des 12 miles, comme ce fut le cas au printemps 2016.

Valorisation 

Le merlu est un poisson qui se vend à un prix correct, aux alentours de 6-8 € de kilo, avec des variations en fonction des saisons. Il est difficile de définir une « bonne marée », mais à partir de 80-100 kg, l’entreprise rentre dans ses frais et les matelots peuvent être payés correctement. Les marées ou les tonnages  inférieurs à 40-50 kg ne permettent pas à l’entreprise de couvrir les fais de pêche. Une excellente marée correspond à 300-400 kg de merlu, ce qui est rare. Le Nahikari prélève quelques tonnes de merlu par an.

Les cours de merlu sont variables, et ce sont même effondrés à l’époque ou la flotte de chalutiers pélagiques était plus conséquente et les apports espagnols importants. De plus lors de la saison du merlu, les apports sont importants, ce qui diminue les prix. Cependant les ligneurs ne peuvent ni ne veulent faire du volume, et préfèrent miser sur la qualité du poisson. C’est parfois la « double peine » en été, car les ligneurs pêchent peu (le merlu se nourrit moins), alors que les apports des chalutiers cassent les cours.

Avant la constitution des lots en criée, les merlus sont marqués avec les pins « merlu de ligne », qui a été mis en place par les ligneurs de merlu, en partenariat avec l’OP. Le  cahier des charges est défini par les ligneurs : le merlu doit être pêché à la ligne, par un bateau de moins de 12m, réalisant des marées de moins de 12h et utilisant moins de 2000 hameçons. Ces merlus sont en effet d’un aspect incomparable avec les merlus pêchés sur les chalutiers, en termes de couleur, d’odeur, et de fraicheur.

Figure 7 : Pierrick dispose les pins sur les merlus

Une grosse proportion des merlus est vendue en criée. Cependant, les circuits courts sont aussi utilisés par Anne-Marie, soit via la vente directe sur le quai, mais aussi via l’entreprise Poiscaille, qui valorise les poissons issus d’une pêche durable via des paniers distribués à Paris.

Recette

Le mari d’Anne-Marie étant cuisinier, ce n’est jamais elle qui prépare le merlu. Cependant elle recommande de l’accommoder en ragout. Mataff préfère mettre les merlus e filet et les cuire à la poêle. J’ai pu tester les deux recettes grâce aux nombreuses godailles, et le merlu est excellent dans les deux cas ! Anne-Marie insiste beaucoup «le goût du merlu de ligne est bien différent de celui du merlu de chalut ». J’ai voulu vérifier et j’ai eu cette occasion: je confirme que la fermeté de la chair et sa saveur n’ont rien à voir.

Figure 8 : Une grodaille de merlu de ligne cuite au four

Une espèce accessoire qui fait débat : le thon rouge

Le Nahikari pêche aussi des thons rouges (Thunus thynnus), thons blancs (Germo alalunga), à la palangre, à la traine et à l’élastique. Le thon blanc est ciblé en été lorsqu’il se rapproche des côtes, le Nahikari réalise alors des marées de plusieurs jours. Le prix de vente est de 15€/kg, pour des marées d’une trentaine de poissons de 3-4 kg. Le thon rouge est pêché en été, cependant le faible quota de 100 kg/an et la taille légale de 8 kg rend cette pêche très compliquée. Nous avons cependant pêché un thon rouge de 23 kg à la palangre ainsi que quelques matrailles (thons rouges trop petits, relâchés) à la traine durant le stage. Comme expliqué à la fin du rapport, le thon rouge est une espèce qui fait débat dans le port de Saint-Jean-de-Luz.                        

Autres espèces démersales

D’autres espèces démersales sont exploitées par le Nahikari. Les loches (Phycis blennoides) représentent environ 10% du tonnage et se vendent à peu près comme le merlu. Cette espèce est sous quota et il arrive fréquemment que le Nahikari ne puisse plus en débarquer en fin d’année. Les merlans bleus ou perdites (Micromesistis poutassou) sont péchées à raison de 10 à 30 par marées. Cependant leur prix de vente est de 1€/kg et elles sont souvent en mauvais état. Des sébastes (Sebastes sp.) et des grandes castagnoles (Brama brama) sont pêchées à raison de 5-10 par marée, et se vendent à 10-15 €/kg. Quelques gros congres (Conger conger) et grosses liches sont aussi prélevés par le Nahikari en particulier sur la partie de la palangre proche du fond. Enfin, de temps en temps, les matelots ramènent un mérou qui se vend à plus de 25€/kg. Ces espèces démersales accessoires sont regroupées sous le terme « divers ».

Rejets

Trois types de poissons sont rejetés : les espèces non commercialisées par le Nahikari, les espèces sous taille et les espèces trop abîmées pour être mangées. Parmi les espèces non commercialisées, on trouve les poissons lune, les vives, les roussettes, les requins chiens, les requins cracheurs, les grenadiers …

Les espèces sous taille ou considérées comme trop petites sont généralement des congres, des liches, des sébastes, et des petits thons rouges. Enfin quelques espèces sont parfois mangées par les requins ou les merlus sur la palangre, il s’agit généralement de perdites et rarement de merlus. En général ce problème arrive peu lorsque la palangre reste dans l’eau pendant un temps approprié. Ces espèces abîmées sont les seules à repartir mortes à la mer. Toutes les espèces sous taille et non commercialisées repartent vivantes à la mer, la ligne permettant de capturer les poissons vivants. Malheureusement, comme le dit Anne-Marie, dans le cadre de la politique européenne de l’obligation de débarquement, de nombreux investissement sont faits, pour financer des programmes de recherche quasi-exclusivement autour du chalut, et on ne parle pas du tout des techniques traditionnelles et sélectives qui existent déjà.

Figure 9 : Le « divers » (en haut) qui sera vendu et les rejets (en bas) qui repartent vivants

IV.              Marée type

Trajet et amorçage des lignes

La marée type débute à 4 heures du matin, heure de rendez-vous au bateau (un peu plus tard en hiver). La première étape est la vérification du moteur et de l’électronique embarquée. Puis le bateau quitte le port pour aller sur la zone de pêche, le trajet dur entre 45 minutes et une heure et demie, en fonction du lieu choisi ou de la répartition des zones de pêche.  

Durant le trajet, l’équipage prépare le matériel, en particulier les lignes.  Les lignes sont appâtées (paitées) avec des sardines congelées (originaires de Méditerranée) achetées à la Criée la veille ou le matin même puis disposées dans la calle. Les sardines sont d’abord décongelées à l’eau, pour pouvoir être manipulées. Elles sont ensuite attachées par l’œil aux 1500 hameçons des palangres (une sardine par hameçon). Il est nécessaire de faire attention aux nœuds entre les avançons (muxus) lors de cette étape : cela conditionne le bon lancer de la ligne.

Figure 10 : Vérification du mouillage et paitage des palangres

C’est aussi lors de ce trajet que les matelots préparent les mouillages qui seront attachés aux palangres. Lors de ces étapes, un des matelots ou Anne-Marie est de quart, afin de surveiller le radar pour s’assurer qu’aucun bateau ou récif ne se trouve sur la trajectoire du Nahikari.

Puis une fois les préparatifs terminés, l’équipage prend un thé et tout le monde se repose (sauf celui qui prend le quart) en attendant l’arrivée sur la zone.

Filage  de la ligne

La deuxième étape de la marée est le filage de la ligne. Une fois sur zone, il est important de décider à quelle profondeur les lignes vont être lancées : selon la saison, la zone et les conditions, la profondeur conditionne la quantité de merlus pêchée. Les lignes sont au nombre de 2 avec 750 hameçons sur chacune ou 3 avec 500 hameçons sur chacune. Globalement la profondeur à laquelle sont jetées les lignes varie entre 100 et 300 mètres, selon les résultats du moment. Avant filer, il est indispensable de noter les coordonnées GPS du lieu où l’on place la ligne, afin de la retrouver.

Figure 11 : bateau embrayé par Anne-Marie tandis que Pierrick largue le mouillage

Le lancer de la ligne est l’étape la plus délicate. En effet le bateau avance lorsque les hameçons sont mis à l’eau, afin que la palangre soit étendue sur le fons, mais peut causer des emmêlements  ou des casses de la ligne si elle est vrillée ou si les avançons sont emmêlés, et aussi des blessures si la ligne n’est pas jetée assez vite. Concrètement le matelot qui lance la ligne doit attraper chaque hameçon un par un et les lancer en les retournant. Il faut alterner, un lancer vers la gauche et un vers la droite pour éviter les emmêles. Au moindre problème le matelot qui file la ligne crie « Baxe ! » (Stop) et Anne-Marie arrête le bateau afin que la ligne soit démêlée. Le matelot qui ne file pas accroche en alternance un plomb et une bouée tous les 15 hameçons, afin que la ligne se pose en zigzag sur le fond. Les bouées et les plombs sont fixés à un boot qui est accroché à la ligne en plantant l’hameçon dans le boot. Le matelot fait tourner la caisse une fois qu’un côté d’étagère est lancé, et une fois que tous les avançons d’une étagère sont lancés, on l’enlève et elle est posée sur le pont.

Au début et à la fin de la ligne, un mouillage est fixée afin de pouvoir récupérer la palangre ensuite. Ce mouillage est constitué d’une gueuse, reliée à la ligne par un orin, et reliée à une bouée et un stop-courant par un fil qui mesure un peu plus que la profondeur. Ce mouillage est donc lancé par le matelot au début et à la fin de la manœuvre de filage. Il permet aussi d’empêcher une dérive trop forte de la ligne, et de la rendre visible pour les autres pêcheurs.

Globalement, le filage de la ligne dure une bonne heure, il est donc environ 6h30-7h à la fin de cette étape.

Figure 12 : Filage de la ligne par Mataff pendant que Pierrick place les bouées et les plombs

Laisser la ligne travailler, et se restaurer

La ligne reste entre trois quart d’heure et une heure dans l’eau : moins, les poissons n’ont pas le temps de mordre, plus les poissons qui ont mordu sont déprédatés, par les requins en particulier. Pendant ce temps, tout le monde se restaure autour d’un casse-croute préparé sur la gazinière du bateau.

C’est aussi le moment où les lignes de traine pour le thon rouge sont mises à l’eau. Des cannes courtes (entre 1m et 1.50m) sont armées d’un moulinet de traine avec une ligne de 80/100 à laquelle est fixée un leurre en plastique d’environ 5 cm ressemblant à un céphalopode. La canne plie lorsque le thon mord, il faut ensuite ferrer, puis remonter le poisson, souvent à deux : un tire sur la ligne et l’autre mouline le fil.

Figure 13 : Alors que les matelots se restaurent, les lignes de traine sont en place pour le thon

Puis le bateau se dirige vers la zone ou a été jetée la première palangre à l’aide des coordonnées GPS notées sur le cahier, pendant que les matelots préparent le virage : mise en place du moteur hydraulique, des crocs et des bacs pour accueillir le poisson.

Virage de la ligne

Cette étape ne présente pas de risques pour les matelots, cependant elle doit être réalisée avec délicatesse afin de ne pas casser la palangre.  Tout  d’abord l’équipage repère le mouillage, et un matelot attrape le boot avec un croc afin de faire passer le mouillage dans le moteur hydraulique constitué de plusieurs poulies. Ce moteur, branché au moteur principal,  est embrayé par Anne-Marie  durant cette étape, ce qui permet de remonter le corps de ligne pendant que Mataff se saisi des avançons, enlève les poissons pêchés ou les paitas restant, puis passe l’avançon à Pierrick qui le fixe sur les étagères de la caisse. Pierrick doit aussi remettre un hameçon ou un avançon sur la ligne lorsque le montage est cassé au fond de l’eau ou lorsque Mataff sectionne le fil pour libérer un congre ou un requin. Anne-Marie récupère ensuite les poissons, les vide, les nettoie, et les mets en caisse. Chacun doit aussi surveiller attentivement les abords du bateau : certains merlus font parfois « Schwaltos », ils se décrochent de la ligne lors du virage, et flottent autour du bateau, l’utilisation d’un croc permet de les récupérer. . Bien sûr, on voit le poisson arriver au bout de la ligne et tout le monde est en haleine lorsque la ligne remonte. Le virage de la ligne est l’étape la plus longue de la marée : en général il dure de 8h à 11h.

Figure 14 : Mataff vie la ligne, Pierrick la range et Anne-Marie vide les poissons

Lors du stockage sur le bateau, le poisson n’est pas au contact de la glace qui se situe dans la caisse inférieure (une caisse de glace, une caisse de poisson). Avant d’être disposée dans des bacs, la glace se trouve dans des glacières arrimées au pont, avec une réserve de glace supplémentaire dans la calle en cas de grosse chaleur ou de très bonne pêche. Les caisses sont recouvertes d’un linge humide afin d’éviter la dessiccation du poisson.  

La ligne étant posée sur le fond, elle s’accroche parfois sur celui-ci. Lorsque l’accroche est trop forte, il peut arriver que la ligne casse, le mouillage est alors récupéré de l’autre côté pour remonter la ligne. Si la ligne casse des deux côtés ou bien se détache du mouillage, un grappin trainant sur le fond est fixé à l’arrière du bateau et les zones de dépôt des palangres sont prospectées pour retrouver et remonter la ligne

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Figure 15 : Mataff récupère un schwalto et le poisson est mis en glace

Tri du poisson et retour au port

Le poisson est ensuite trié sur le chemin du retour. Même si les lots pour la vente seront constitués à la criée, Mataff mets les poissons dans différents bacs en fonction de leur catégorie, afin de faciliter la mise en place de lots. Pendant ce temps, Pierrick lave le pont afin que tout soit prêt pour la marée du lendemain. Certaines fois les trois membres de l’équipage réparent les lignes lorsque les nombre d’hameçons a été réduit pas une casse. Enfin c’est leur où l’équipage prépare les godailles, en général les poissons un peu abîmés qui ne seraient pas vendus en qualité Extra. Une fois tous ces travaux terminés, c’est l’heure du repas dans la passerelle.

Figure 16 : Mataff trie le poisson puis prépare les godailles avec Anne-Marie pendant que Pierrick nettoie le pont

Débarque et constitution des lots en Criée

La débarque a lieu vers midi, cet horaire variant avec la zone de pêche. Les caisses de poisson sont débarquées sur le quai à l’aide d’une grue puis un transpalette permet de les amener dans la criée. Les merlus sont alors marqués avec les pins « merlu de ligne ».

Les lots sont ensuite constitués avec un employé de criée qui pèse et compte les poissons afin de définir leur catégorie. Une étiquette est alors déposée dans la caisse, afin de récapituler les informations du lot, en particulier l’espèce, pour les mareyeurs. De plus ces informations sont disponibles pour les acheteurs en ligne. Le poisson est ensuite recouvert d’un film plastique, déposé dans une chambre froide, puis glacé. Il sera acheté lors de la vente du lendemain matin : les pêcheurs obtiendront ainsi une feuille de vente, disponible aussi sur internet.

Figure 17 : Les lots sont constitués puis mis en glace dans la chambre froide

Anne-Marie remplit ensuite le Log book papier en fonction des informations que lui a donné la criée. Ces fiches sont ensuite données aux affaires maritimes, environ toutes les 2 semaines. Les matelots récupèrent les paitas dans la criée, de nouveaux bacs pour le lendemain, et la machine à glace permettent de remplir la calle et les glacières. Ensuite le bateau se dirige vers le port et est amarré au ponton, il est alors environ 13 heures. C’est souvent le moment d’aller boire un verre au bar de la Marine ! Puis l’équipage a le choix entre faire une sieste ou se coucher tôt, pour repartir à 4 heures le lendemain.

Une marée au thon

Certaines marées d’été sont un peu différentes : le bateau part alors pêcher le thon rouge et le thon blanc. Le temps pour aller sur zone est alors d’environ 15 heures, durant lesquelles les lignes de traine sont montées, puis les thons sont pêchés à la traine et à l’élastique (ligne à main). Il faut alors prévoir des vivres et suffisamment de carburant pour le trajet, de plus le confort lors de la nuit à bord est très relatif. Malheureusement nous n’avons fait aucune marée au thon lorsque j’étais sur le Nahikari, mais cette espèce était souvent au cœur de toutes les discussions.

Figure 18 : Thon de 23 kg pris à la palangre

Sources

Commune de Saint-Jean-de-Luz : http://www.saint-jean-de-luz.com/

Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Nouvelle Aquitaine : http://www.peche-nouvelleaquitaine.com/filiere-peche-aquitaine.php

Port de Saint-Jean-de-Luz : http://www.port-saintjeandeluz-ciboure.com/

Fiche stock, Merlu, Jérémy CARLOT & Fabien MOULLEC, étudiants Pôle halieutique AGROCAMPUS OUEST, Décembre 2014 : http://halieutique.agrocampus-ouest.fr/pdf/4827.pdf

Biologie du Merlu, Ifremer : https://wwz.ifremer.fr/peche/content/download/40156/548430/file/MerluBio2.pdf?version=1

Ligneurs de merlu de Saint-Jean-de-Luz : http://www.merludeligne.fr/

Plateforme de la Petite Pêche Artisanale Française : http://www.plateforme-petite-peche.fr/