Vous pensiez que la pêche était morte à l’Île Tudy ? Vous vous trompiez.
On vous laisse découvrir Erwan Le Guilloux en lisant le superbe article du Télégramme ci-dessous, n’hésitez pas à lui rendre une visite à la débarque pour lui acheter du poisson, des homards, des palourdes roses, des praires et des vernis !
Ancrage local. De baroudeur à patron pêcheur
Erwan Le Guilloux, 38 ans, est patron pêcheur depuis un mois et demi. Son bateau, le Dishual – Sans entrave en breton – est amarré sur la cale de l’Ile-Tudy. Un nom qui sied bien au biologiste marin de formation, qui a déjà pêché sur les six continents.
Quand j’étais en CM2, on m’a donné un questionnaire qui demandait ce que je voulais faire plus tard. J’avais écrit océanographe ou marin pêcheur ». Erwan Le Guilloux, biologiste marin de formation et spécialiste des poissons associés aux coraux profonds, a fait les choses dans l’ordre, enchaînant les expériences dans les milieux marins, avant de s’établir, à 38 ans, en tant que patron pêcheur, il y a quelques semaines, sur la cale de l’Ile-Tudy. Il a acheté son premier bateau, Dishual, dans la rade de Brest : « C’est un bateau vert émeraude de 1968, en bois ». Un point d’ancrage.
Du 66º sud à 75º nord
Avant Dishual, la vie du nouveau marin-pêcheur a été riche en voyages et expéditions diverses. Toujours en lien avec la mer. « Quand j’étais étudiant, l’été, je ne restais pas à me tourner les pouces. J’ai fait des expéditions, des voyages. Du 66º sud à 75º nord, soit de l’Antarctique au Spitzberg, une île de Norvège ». Erwan Le Guilloux a aussi été professeur de SVT à Mayotte, commercial dans les noix de Saint-Jacques dans la rade de Brest et a hiverné quatorze mois durant en Antarctique. Il a pêché sur tous les continents : « Beaucoup en apnée, avec un fusil harpon, mais j’ai aussi fait des prélèvements au filet, à la palangre et au casier pour des études scientifiques ». Il a passé les quatre derniers hivers à pêcher des coquillages dans la rade de Brest. Le reste du temps, il était guide dans l’archipel des Glénan. L’homme réside à l’Ile-Tudy depuis 1993, dans une maison familiale.
Erwan Le Guilloux avale une pizza reine à la terrasse d’un café. « Faute de temps », précise le gourmet. Le longiligne aux yeux bleus se prépare à sa première pêche à la drague, des palourdes roses des Glénan en ligne de mire. Il s’est levé sur les coups de 4 ou 5 h pour revenir sur la terre ferme aux alentours de midi. « Je pêche du homard et des maquereaux en ce moment. Il y a aussi du chinchard à bloc avec les coups de chaud des derniers jours », explique celui qui mène une sonde comme personne. Expérience de biologiste marin oblige. La cohabitation se passe bien avec ses nouveaux collègues : « Les pêcheurs de Loctudy m’ont réservé, dans l’ensemble, un accueil chaleureux. Il existe une solidarité maritime ». Le marin pêcheur vend ses produits sur la cale de l’Ile-Tudy, en direct, « au cul du bateau. J’ai une balance aux normes, je pèse, je mets en sac, puis je vends mes produits le midi ou le soir, en fonction des marées. C’est une aventure locale ».
Pour pouvoir exercer son nouveau métier, Erwan Le Guilloux a passé le brevet de « capitaine 200 » : « soit six mois de formation à Lorient ». Il a acheté son bateau 55.000 €, en a investi 10.000 de plus et ne s’est pas encore versé de salaire. Il a bénéficié d’un prêt à hauteur de 8.000 € de la part de l’association Initiative Cornouaille, qui a également soutenu quatre autres projets de création dans le domaine de la pêche dans le Pays bigouden sud, depuis janvier. « Je reçois cette aide aujourd’hui. Elle va me permettre d’acheter du matériel : casiers, filets, dragues, etc. ». L’homme prend congé pour rejoindre son bateau. Un copain de Brest, Dominique, est venu lui donner un coup de main pour la pêche à la drague. « Bonne pêche ! » – « Faut jamais dire ça ! » – « Merde alors ! ».