Le 8 octobre se tenait à Paris, à l’initiative de la députée LREM Sophie Panonacle, Présidente de la « Team Maritime », un colloque national sur l’emploi maritime. Intitulé « économie bleue : cap sur le million d’emplois », celui-ci a attiré notre attention : pour un littoral vivant, nous défendons les travailleurs et leurs emplois dans le secteur maritime.
Mais le programme annoncé était loin d’être à la hauteur des enjeux ! Sur plus de quarante intervenants, dont deux ministres, un seul représentait le monde la pêche et des cultures marines, Hubert Carré, directeur général du Comité National des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CNPMEM). Côté représentants des entreprises du maritime, la part belle était faite aux grandes entreprises, jusqu’à la présence de Mme Roux de Bézieux, proche du Président du MEDEF.
Leur « France maritime de demain » serait donc principalement constituée d’entreprises du numérique, de l’Oil&Gas, des énergies renouvelables et de la plaisance.
Nous saluons la volonté de mettre en avant la formation et l’emploi, mais nous ne pouvons que regretter l’absence des entreprises artisanales, de celle qui nourrissent la population, emploient des marins français et font vivre nos littoraux. Le dernier rapport sur la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (mai 2020) le rappelle : « les sorties du métier sont trop nombreuses (retraites et changements d’emploi). Ne pas rappeler l’importance de ce secteur et des nombreux emplois induits serait une grave erreur. »
De plus, comme l’indique un récent rapport du Transnational Institute « le discours de l’économie bleue a ouvert la voie à une coalition large et apparemment précaire d’acteurs et de programmes divers. Tout le buzz médiatique autour de la croissance bleue, l’économie bleue, la révolution bleue, les forums d’investisseurs bleus, le carbone bleu, l’exploitation minière bleue, et même la mode bleue peut donner le tournis. Une grande partie de tout cela ne restera que pub et matraquage médiatique, mais dans quelle mesure ce flot de nouveaux mots fournit-il un écran de fumée utile pour distraire des véritables implications territoriales, écologiques et sociales de cet arrangement entre des industries de l’océan plus ou moins récentes et en compétition, et des acteurs voulant développer la conservation à grande échelle ? »
Les adhérents de Pleine Mer restent donc mobilisés, afin de déchiffrer le discours de la « croissance bleue » : de l’éolien offshore aux grands ports industriels, le « business bleu » impactera fortement la pêche artisanale et les communautés littorales, comme le prouve l’actuelle lutte du Carnet sur l’estuaire de la Loire, où des militants ont décidé de créer une ZAD (Zone à Défendre) pour protéger plusieurs hectares de zones humides, menacés par les investisseurs du secteur de l’éolien offshore.