Manche et Méditerranée : à quand un accueil inconditionnel des réfugiés ?

Manche et Méditerranée : à quand un accueil inconditionnel des réfugiés ?

La semaine dernière, des milliers de personnes sont arrivées en bateau à Lampedusa, île sicilienne située au milieu de la méditerranée. Suite à cela, de nombreux responsables politiques de droite et d’extrême droite se sont précipités sur place pour agiter le spectre de la « submersion migratoire ». Au delà de cette ignoble récupération raciste où l’on voit Darmanin, Le Pen et Zemmour chanter à l’unisson, cet événement montre avant tout l’échec de la politique européenne en matière d’accueil des réfugiés.

La politique de l’Europe consiste en effet à « fermer ses frontières afin de maitriser les flux migratoires », une politique qui s’est accentuée depuis les années 2015-2016, à la suite des printemps arabe et de la guerre en Syrie. Cette politique ne décourage en rien les personnes migrantes, qui vont jusqu’à risquer leur vie en traversant la mer méditerranée sur des embarcations de fortune. Mais en plus de ne pas être efficace, cette politique est extrêmement meurtrière puisque l’Organisation Internationale pour les migrations dénombre plus de 30 000 personnes mortes dans la méditerranée depuis 2014, des chiffres qui sont certainement sous-estimés.

Les murs et les barbelés ne décourageront jamais des personnes qui choisissent de quitter leur pays d’origine pour fuir la dictature, la famine ou les impacts du dérèglement climatique. Par contre, la stratégie de l’union européenne tue chaque jour des dizaines de personne, par exemple en sous-traitant le contrôle des frontières aux gardes côtes libyens ou à l’armée tunisienne dont les exactions s’apparentent à des crimes contre l’humanité.

Et les autorités françaises ne sont pas en reste ! Comment des militaires français du CROSS Gris-Nez
ont-ils pu laisser mourir 27 personnes en novembre 2021, alors même qu’ils disposaient des informations nécessaires à leur sauvetage ? Les extraits des échanges publiés par France Info sont glaçants. Cinq militaires français sont désormais mis en examen pour non-assistance à personne en danger.

Et malheureusement l’histoire se répète puisqu’une femme de 24 ans a été retrouvée morte ce mardi 26 septembre 2023 sur la plage de Blériot à Dunkerque. Selon les informations de Nord Littoral, cette personne originaire d’Erythrée serait décédée suite à une tentative de traversée de la Manche. Un drame de plus qui souligne la cruauté des politiques migratoires européennes.

Heureusement, des équipages solidaires et engagés continuent de se battre pour que les mers d’Europe ne soient plus des cimetières, en armant des navires comme le MV Louise Michel, qui parcourent la méditerranée afin de sauver les personnes migrantes en détresse.

Comme le rappelle la journaliste Cécile Debarge dans Mediapart, les événements de la semaine dernière à Lampedusa mettent à mal la théorie raciste de l’« appel d’air », supposément créé par les sauvetages en mer. Depuis une semaine, explique-t-elle, le navire Aurora, affrété par l’ONG Sea Watch, a débarqué 84 migrant·es au port de Catane, l’Ocean Viking de SOS Méditerranée a amené 68 migrant·es jusqu’au port d’Ancône, et, à Lampedusa, ce sont le Sea Punk 1, le Nadir et le ResQ People qui ont respectivement amené à terre 44, 85 et 96 personnes. Ces chiffres, conclut-elle, sont dérisoires lorsqu’ils sont rapportés aux 12 000 personnes arrivées à Lampedusa cette même semaine.

Pour être solidaire des personnes migrantes, vous pouvez soutenir financièrement les bateaux et les équipages qui parcourent chaque jour la méditerranée pour venir en aide aux personnes migrantes : MV Louise Michel, SOS Méditerranée, Sea Watch, Sea Punk 1, RESQHIP … Et pour soutenir l’accueil inconditionnel sur le territoire français, n’hésitez pas à soutenir Utopia 56 ou la Cimade par exemple.

1 commentaires :

  1. Jean Barbe dit :

    Bravo pour cet article qui n’est, malheureusement, pas dans l’air du temps. Tellement d’accord avec votre analyse sur la politique scandaleuse de l’Europe vis-à-vis des réfugiés. Heureusement qu’il reste des « gens de la mer » comme vous pour continuer à défendre le sauvetage inconditionnel de tout naufragé, quelle que soit son origine. Encore bravo et merci. Jean

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