A Pleine Mer, on se questionne aussi sur la représentation en images de la pêche durable et artisanale. En France, la représentation de la pêche « artisanale » semble réservée à « l’ailleurs ».
Certes, il est sans doute plus simple, notamment pour des raisons de sécurité d’embarquer sur des chalutiers plutôt que sur des « coquilles de noix ». Mais on peut aussi se poser la question, la pêche artisanale serait-elle moins “esthétique”, car moins spectaculaire ? En effet, en images, il n’y a pas de déferlantes qui arrosent le pont au large, pas d’équipages usés par les journées passées en mer.
Exceptés de très jolis et nombreux portraits, mais le plus souvent ponctuels, il existe très peu de séries sur la pêche artisanale française et ses problématiques. Quand c’est le cas, elles sont malheureusement financées par les industriels, des labels
Pour exister dans l’esprit des citoyens, on estime à Pleine Mer que la pêche artisanale et durable doit également être représentée dans la large iconographie de la pêche. Il s’agit aussi simplement de rendre visible, pour donner à voir, connaître.
Pleine mer vous propose donc ce premier portfolio autour de la pêche durable, réalisé sans aucun lien économique avec quelque armement que ce soit. Photos : Céline Diais/association Pleine Mer.
Voici ci-dessous le texte accompagnant la série :
La pêche artisanale, une réalité avant tout humaine
Le jour n’est pas levé lorsque le Zebulon quitte le port de Kerity. On ne distingue rien dans la pénombre. A la levée du jour, les roches affleurent la surface de l’eau. Matthieu le Moal, patron-pêcheur les connaît par cœur. Toutes portent un nom bien précis, Men Corn, Men Daniel ou encore Men Cren en breton.
Ici, il ne s’agit pas d’opposer pêcheurs sur chalutiers hauturiers et pêcheurs artisanaux. Mais de documenter une réalité humaine. La petite pêche représente d’après l’Ifremer 70% des bateaux de pêche français mais seulement 14% des apports en valeur.
Le moins d’impacts sur la mer nourricière
Or comme l’indique l’IPBES, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité, la pêche industrielle, est la première cause d’érosion de la biodiversité marine. Or ces pêcheurs représentent à la fois le passé, le présent et surtout l’avenir de la filière. Bien sur, small is not always beautiful. Mais avec leur petit bateau, leur méthode « douce » (casier, ligne, filet posé pour quelques heures), la proximité des zones de pêches, la variété des prises, ils travaillent à avoir le moins d’impact sur cette mer nourricière et ces écosystèmes fragiles et enfin et surtout à maintenir un lien avec la population locale.
Cette même pêche, au plus près des récifs, des courants, nécessite aussi un immense savoir. Certains connaissent même le nom de rocher ne figurant pas sur la plus détaillée des cartes marines. Ils sont les figures vivantes d’un langage poétique, un savoir transmis entre générations et que l’on retrouve dans la toponymie marine.
Céline Diais, chargée de projet Pêche locale, Pleine Mer.
Le jour n’est pas levé lorsque le caseyeur Le Zebulon quitte le port de Kerity. On ne distingue rien dans la pénombre. A la levée du jour, les roches affleurent la surface de l’eau. Matthieu le Moal, patron-pêcheur les connaît par cœur. Toutes portent un nom bien précis, Men Corn, Men Daniel ou encore Men Cren en breton.
Pour accéder aux spots, Matthieu n’a que quelques centaines de mètres de navigation. Il a déjà passé une dizaine d’années à la pêche, au chalut de fond et à la senne danoise. Sur ces bateaux, il a constaté les excès de la pêche intensive et conforté son rêve de départ : s’installer sur un petit bateau pour exercer sa passion sur son spot d’enfance, les roches de Penmarch.
Lever du jour au large de Sainte-Marine, sur le Beluga, un ligneur de 8 mètres. Selon l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques : la pêche, au sens large, est la première responsable de l’érosion de la biodiversité des océans.
Bar. Les pêcheurs artisans partent pour moins de 24heures. Même si leurs poids économique est minime. C’est une réalité humaine en France et dans le monde. On estime que la pêche à petite échelle emploie 90 % des travailleurs du secteur de la pêche.
Benjamin. Il se forme pendant deux ans. « C’est la durée pour maitriser le métier à la petite pêche et connaître les zones, où se placer en fonction de la saison, la météo, selon les anciens.
La surexploitation touche un tiers des stocks de poissons. C’est une des grandes menaces qui pèsent sur les océans.
Ondine Morin, marin-pêcheur sur l’ile de Ouessant, une des rares femmes marin-pêcheur. Etre installée à la petite pêche lui permet d’avoir une vie de famille. En effet, elle rentre tous les jours vendre en direct son poisson. Une option qui lui permet de pêcher moins mais mieux.
En mer d’Iroise. En France, la pêche de façon générale représente une petite économie, en terme de salariés et d’impact économique. Et elle est souvent considérée comme un tout homogène. En mer d’Iroise. En France, la pêche de façon générale représente une petite économie, en terme de salariés et d’impact économique. Pourtant l’état des ressources marines et des océans a et aura des conséquences sur l’ensemble des citoyens du monde.
En mer d’Iroise. En France, la pêche de façon générale représente une petite économie, en terme de salariés et d’impact économique. Pourtant l’état des ressources marines et des océans a et aura des conséquences sur l’ensemble des citoyens du monde.
Gwen Pennarun, président de l’association des ligneurs de Bretagne. Cette association de pêcheurs bretons a décidé de ne pas pêcheur en mars et avril lors des périodes de reproduction des poissons. Gwen Pennarun a vu la raréfaction des ressources en 30 ans.
A bord de Mon Copain JP, devant les rochers du Guilvinec. Le bateau de Scarlette Le Corre est le plus petit bateau du Guilvinec. Avec, elle consomme peu, rentre tous les jours et cible des espèces de saison, vendu ultra fraiche à terre.
Thomas, sur le Vertigo. Il cible des espèces différentes selon les saisons. Il s’ adapte et se diversifie. Il pêche par exemple des lieus jaunes, des dorades grises, des grondins, des tacauds ou encore des vieilles, autant d’espèce moins connues mais délicieuses.
Pêche du jour sur le Zebulon. Par leur présence quotidienne en mer, les petits pêcheurs sont les premiers observateurs de la raréfation des ressources. Ils collaborent souvent avec les scientifiques.
Cabine d’un caseyeur-fileyeur. En France, les bateaux de pêche ont un moyenne d’âge, 30 ans. La coque ne fait pas tout. Au bateau sont rattachées des droits de pêche (les fameux quotas) qui permettent un accès à la ressource. Cela créée une forte spéculation sur le prix des bateaux, même très anciens. Il est donc très difficile de s’installer pour un jeune.
William, fin de pêche en rade de Brest. C’est l’un des derniers à pêcher en rade de Brest.
A bord de Mon Copain JP, devant le Guilvinec. Le bateau de Scarlette Le Corre est le plus petit du Guilvinec. Il fait 6 m, une coquille de noix. Elle fut l’une des premières à vouloir minimiser son impact sur les ressources marines. On théorise aujourd’hui ce concept par le terme de pêchecologie.