La pêche artisanale en photo?

La pêche artisanale en photo?

A Pleine Mer, on se questionne aussi sur la représentation en images de la pêche durable et artisanale. En France, la représentation de la pêche « artisanale » semble réservée à « l’ailleurs ».

Certes, il est sans doute plus simple, notamment pour des raisons de sécurité d’embarquer sur des chalutiers plutôt que sur des « coquilles de noix ». Mais on peut aussi se poser la question, la pêche artisanale serait-elle moins “esthétique”, car moins spectaculaire ? En effet, en images, il n’y a pas de déferlantes qui arrosent le pont au large, pas d’équipages usés par les journées passées en mer. 

Exceptés de très jolis et nombreux portraits, mais le plus souvent ponctuels, il existe très peu de séries sur la pêche artisanale française et ses problématiques. Quand c’est le cas, elles sont malheureusement financées par les industriels, des labels

Exemple avec MSC :https://www.msc.org/fr/espace-presse/actualites/2021/08/23/la-peche-durable-au-dela-des-cliches-un-partenariat-artistique-entre-ong-msc-fisheye

Pour exister dans l’esprit des citoyens, on estime à Pleine Mer que la pêche artisanale et durable doit également être représentée dans la large iconographie de la pêche. Il s’agit aussi simplement de rendre visible, pour donner à voir, connaître.

Pleine mer vous propose donc ce premier portfolio autour de la pêche durable, réalisé sans aucun lien économique avec quelque armement que ce soit. Photos : Céline Diais/association Pleine Mer.

Voici ci-dessous le texte accompagnant la série :

La pêche artisanale, une réalité avant tout humaine

Le jour n’est pas levé lorsque le Zebulon quitte le port de Kerity. On ne distingue rien dans la pénombre. A la levée du jour, les roches affleurent la surface de l’eau. Matthieu le Moal, patron-pêcheur les connaît par cœur. Toutes portent un nom bien précis, Men Corn, Men Daniel ou encore Men Cren en breton.

Ici, il ne s’agit pas d’opposer pêcheurs sur chalutiers hauturiers et pêcheurs artisanaux. Mais de documenter une réalité humaine. La petite pêche représente d’après l’Ifremer 70% des bateaux de pêche français mais seulement 14% des apports en valeur.

Le moins d’impacts sur la mer nourricière

Or comme l’indique l’IPBES, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité, la pêche industrielle, est la première cause d’érosion de la biodiversité marine. Or ces pêcheurs représentent à la fois le passé, le présent et surtout l’avenir de la filière. Bien sur, small is not always beautiful. Mais avec leur petit bateau, leur méthode « douce » (casier, ligne, filet posé pour quelques heures), la proximité des zones de pêches, la variété des prises, ils travaillent à avoir le moins d’impact sur cette mer nourricière et ces écosystèmes fragiles et enfin et surtout à maintenir un lien avec la population locale.

Cette même pêche, au plus près des récifs, des courants, nécessite aussi un immense savoir. Certains connaissent même le nom de rocher ne figurant pas sur la plus détaillée des cartes marines. Ils sont les figures vivantes d’un langage poétique, un savoir transmis entre générations et que l’on retrouve dans la toponymie marine.

Céline Diais, chargée de projet Pêche locale, Pleine Mer.

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